Perdre les pédales !
(extrait Puzzle-série 2- pièces mobiles)
Alors, comme dans toute super série
qui ne dit pas son nom, il y a une suite à suspense… Voici donc le volet numéro deux de cette picaresque saga qui met en scène une pédale — héroïne d’une chronique d’autofriction malgré elle —,
indépendamment de la volonté propre de l’auteur qui a perdu le Nord — triste souverain gisant au fond d’une piscine à bulles dans son petit pull polaire — et le sens des proportions physique et
ontologique.
Ainsi, après cette chute de la pédale dans le pré vert, le vététiste — amateur de bonnes gaufres, de grands soleils et d’autres splendides gadins dans la mangrove béarnaise avec des mangoustes affamées lui suçant la roue, de bains de boue prompts à le nettoyer des scories éthériques et à rajeunir ses articulations verbales — s’était fourré dans le crâne cristallin de changer la manivelle gauche (tige où vient se visser la pédale pour les plus ignorants d’entre vous auxquels je me joins avec un sourire empreint d’une béatitude de chèvre au sein d’un champ de coton).
Passons sur la commande de ladite pièce, sa réception dans un délai record ; je crois même qu’une cigogne avait déposé mon colis et un bébé à deux pas de mon logis : oui ! j’aime le chant merveilleux des contes de fées ! En outre, l’idée de blanches ailes, voiles caressant l’azur alchimique, nous offre une résonance plus poétique que l’anthracite d’un drone de dernière génération avec son œil cyclopéen en mode « Big Brother » et ses 1984 raisons de rendre les moutons affairés, que nous sommes parfois, un peu chèvre (voilà qu’elle montre à nouveau sa barbichette, notre coquine amie de Monsieur Seguin !).
Conséquemment, armé d’une confiance absolue en mes qualités de Remonteur Anonyme de Manivelles par temps pluvieux, à tort ou de travers, un peu marteau tel Thor, comme l’éclair obscur, je me lançai dans la bataille avec un outil d’extraction (le genre d’instrument de torture qui mettrait le sourire aux lèvres de mon cher chirurgien-dentiste palois !) et une clef qui ne pipait pas mot devant mon opération en croix d’artiste lunaire au sol passé maître dans la mécanique des fluides. Tout se déroulait très vite, peut-être un peu trop d’ailleurs, car, au moment de grimper sur le vélo, le doute étreignit le fier guerrier puisqu’il ne parvint pas à se déplacer sans tomber de son Pégase comme un matelot bourré de rhum brun sur le pont huileux d’une trirème romaine. Les deux pédales pendaient vers le sol avec des airs d’oreilles de vieux cocker sous acide ou de basset mal léché !
Un individu avec un minimum de jugeote aurait tout capté sans se prendre le chou ; mais, votre serviteur zélé se mit à tirer des plans astrologiques sur la comète en présupposant que la manivelle, sans Halley trop loin dans l'espace profond, n’avait pas la forme fuselée adéquate, qu’elle était trop courte, etc. En plein délire très mince, toujours en roue libre sur une pente à 90 degrés, il se fit la main sur un antédiluvien VTT traînant dans le garage et celui-ci fut atteint de la même maladie de la « pédale basse ». Il visionna quelques tutoriels sur la toile, n’y comprenant que dalle !
Soudain, inspiré par l’intelligence de son esprit surmental qui l’avait laissé cogiter dans la voiture-balai durant de longues minutes ayant la saveur douce-amère d’une éternité sans freins, il entendit qu’il fallait placer les manivelles en position décalée : une tige en haut et l'autre en bas… Principe de l’équilibre Yin-Yang et de la circulation de l'énergie féminine opposée à celle du courant masculin. CQFD !!!!
Là, par l’opération de ce sain esprit qui m’inondait de son savoir, le miracle fut et la lumière apparut à l’étage de mon cerveau qui avait pris l’eau, le bas lent et perdu complètement les pédales au sein d’une existence qui ressemblait à celle de ses personnages fictifs toujours en selle sur leur haridelle absurde, burlesque et même surréaliste.
Morale de cette folle comptine : il ne faut pas vendre la manivelle de son VTT avant de l’avoir montée au risque de passer pour un âne bâté, un conchyliculteur jouant du clapet dans les champs gravitationnels d’un monde océanique qui part en sucette, fractale et fatale, à la vitesse supraluminique d’un chamallow qui boit la tasse et les thés indiens…
Stéphane, le 9.03.2021
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Florence Tavidian (mardi, 09 mars 2021 17:36)
Avec Bruce Lee en décor.. merci, cher ami, pour cette suite burlesque!
Stéphane M. (mardi, 09 mars 2021 18:11)
Grand Merci, chère Flot ! Fort heureusement, notre Bruce Lee était plus habile avec son nunchaku que l'Anachronique avec sa pédale devant sa chaîne de vélo ! Tout est une affaire de Maîtrise Intérieure ! Avec Gratitude et Cœur, Stéphane