(extrait "Alcior"-fragments étranges)
Nous nous promenions, par un printemps d’azur, sous le manteau des cerisiers du silence et le feu follet de nos pas filait vers un Infini, un sentier bleu déjà tracé par le grand Dessinateur céleste…
Ainsi, nous étions légers, plume frôlant ton bassin musical ; à deux, nous cheminions, emportés par la volubile volonté du Verbe, sur la mousse d’un nid d’eau pâle, entre ses branches sculptées par le vers d’un songe de nuit d’été — signe affolant la langue blanche des fleurs félines qui s’abandonnaient, épines câlines, à l’éruption d’une gestualité solaire. En connexion avec la Vie, cette solitude savait réchauffer le cœur solidaire des marcheurs initiatiques…
Le temps n’était plus qu’un leurre, un mirage sur la toile du Créateur qui tressait les éventails éphémères de palmiers rêveurs… Quelle année ? Quel jour ? Quelle heure ?
Nous avancions sur cette sente matricielle, depuis toujours, sans nous lasser de cette distance qui ne semblait jamais se raccourcir… Nous savourions cette étreinte à deux ; puis, par un vent cyclonique, nous fûmes arrachés l’Un à l’Autre, déchirés jusqu’à la plus infime particule de notre Être, car ce temps était venu encore d’explorer la plus vaste des séparations nous plongeant au sein d’une amnésie fœtale, au milieu d’un chaos fractal…
De vie en vie, nous cheminions en droite ligne, à la tonalité sinueuse, vers cette Harmonie originelle, l’Amour essentiel que nous sommes, du dedans au dehors ; et le Feu de notre Foi nous honorait de sa cosmique fragrance.
Stéphane, le 16.05.2021
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