Des Mots en Vrac !

 

Des Mots En Vrac !

 

(extrait Puzzle - série 3 - pièces mobiles)

 

Assailli par le désir insoutenable d’écrire à mes lectrices et lecteurs enfiévrés, je dandine sur le pont, loin de la vie mondaine ariégeoise, au tumulte sirupeux, qui me porte aux nues, vers le mont chanvré d’une charmante bouse auréolant mon champ créateur !

 

Il me faut donc en venir aux faits ! Vous connaissez mon goût exacerbé pour les mots laids, la bave du drapeau tricolore et le corps de braises du héron sans trait ; aussi, ma parabole à tête de chou s’en trouve écorchée quand les subtils Êtres qui m’entourent s’emploient à trépaner le Verbe avec leur bouche, en cul de poule, lâchant une écume des jours par une pleine lune de cuniculophile !

 

Ô nurse au drame ! Honneur aux dames ! Ma géniale co-créatrice Vali avait encore frappé fort en susurrant à ma palme de lapin nain : « Je boirais bien une infu de Rot Hi Bios ! » Armé d’une patience angélique, je l’invitai à répéter sa sibylline phrase ; et elle surenchérit avec son Roïbios ??? Ce fut à ce moment-là que je décidai d’enquêter, afin de savoir si elle eût pu évoquer ce thé rouge extrait du Rooibos, cet arbuste sud-africain dont la manne nous offre ses vertus antioxydantes.

 

Alors, son sourire solaire confirma mon acception et elle poursuivit, en lançant aux quatre vents de Vivaldi, son ode féérique au Roïbios !!!!

 

Le temps du détachement quantique pointait le bout de sa truffe humide et je pris la taure par les cornes de brume, tandis que, croisant le mien, le regard inquisiteur de D. — en trois dimensions — me scanda : « Ah ! Oui ! Ça me donne envie de faire du roofing ???? »

 

À cet instant précis, je saisis une chaise à porteurs qui voletait au-dessus d’une atmosphère surchauffée ; et je m’assis sur mon derrière, au risque de tomber du râteau de la Méduse… Alors, si je devais vous traduire cette phrase, D. semblait vouloir traverser gaiement les toits brûlants (en effet, roof signifie toiture dans la langue de Shakespeare) sur un canoë : une espèce de rafting sur des tuiles… Son souhait me parut incongru ; cependant, avec l’avènement du Coco, toutes les absurdités sont de sortie en ce bas monde !

 

Pourtant, après un interrogatoire ciblé, D. me révéla qu’il s’agissait du WOOFING pour "Willing Workers on Organic Farms", synonyme de WWOOF ("World Wide Opportunities in Organic Farming"), que l’on peut définir par "Opportunités Internationales dans l'Agriculture Bio !

 

En résumé, ce sont des clampins qui bossent en douce dans une ferme de pécore, en échange d’une carotte des sables, pour pas un radis !

 

Après cet échange campagnard musclé, je vous avoue que mes voiles auditives étaient au bord de l’éruption volcanique, avec une montée ignée de cérumen en mode amen scié, afin de revisiter le slogan des « Village People » ! En substance, j’avais les laitues plongées dans le gras du bouillon de Paul Bocuse.

 

Mais voilà qu’à l’horizon se profilait C. que je dus prendre avec des pincettes au risque de savourer son penchant naturel pour la boxe française qui vous taillait des croupières, avant la mise en bière, à un poing du dernier round de Roundup cancérigène du catcheur-samouraï le parquet « Démon Santo » !

 

Extérieur nuit, lumière artificielle au cœur d’un champêtre chalet planté au sein d’un camping municipal — sous les yeux hagards de gendarmes, sans leur chapeau melon, le masque collé sur le menton, durant la Fête du Citron — un Scrabble sur une planche boisée, soudain, C. vous sert, sur un plateau d’argent, un « JONG ». À l’image nostalgique d’une partie de petits chevaux ou de poker menteur, le doute pernicieux ride les pommettes des joueurs froissés par une randonnée en plein air, comme les poulets chassant les vers solitaires dans les profondeurs de la terre du milieu !

 

Puisque les sémillants chevaliers de la table longue manifestent un mutisme enjôleur, je me hasarde à fouiller ce chantier de jeu, afin de comprendre où C. se prépare à nous embarquer, à nous tarauder sur son mât de cocagne ; sa voile avec l’Évian en poulpe ! Je suppute d’abord qu’il évoque le chanteur Moon Jong-up (sans relation avec l’herbicide déjà cité !), puis le chef suprême de la République populaire démocratique (à un poil d’écureuil près !) de Corée : Kim Jong-un !!!

 

Mais, par tous les saints de Fellini, C. a malencontreusement confondu le Jong avec le jonc ; et je me mets donc au devoir de lui épeler le jonc, selon Wiki que j’ai toujours dans la peau : le nom de jonc est donné à plusieurs plantes. Au sens strict, ce substantif désigne les espèces appartenant au genre Juncus, dans la famille des Juncaceae.

 

Par conséquent, c’est le coup de grâce et C. — K.O. debout tel un Jean-Jacques sur le cul de Goya — bafouille en se mouchant dans sa barbichette, un cheveu sur la langue, sans un poil sur le caillou ! La vengeance est un plat qui se mange froid, puisque, quelques heures plus tôt, C. avait tenté d’empoisonner Vali en lui fourrant dans le gosier, malgré les avertissements nourris au sujet de son intolérance alimentaire, un bataillon de lentilles corail planqué derrière un muret de carottes, sous une pluie antédiluvienne de riz ; une erreur qui eût pu coûter « chair » à Vali et l’envoyer ad patres ! Le mental haut de C. lui ensable parfois les portugaises !

 

Heureusement, tout est bien qui finit bien ! Mes antennes spatiales ont retrouvé leur lyrique sérénité, ce chant du grillon dans les prés, juste après le passage de ces inspirations cycloniques à décorner les bœufs, à moudre les écailles du pangolin, prêtes à réveiller, en sursaut, un paresseux au cours de l’une de ses mirifiques apnées du sommeil ! Que le Verbe soit, selon l’interprétation de chacun, au service de l’Amour et de l’Être en Joie !

 

Stéphane, le 16.12.2021