Qui Va à la Chasse...

 

Qui Va à la Chasse…

 

(Puzzle série 3-pièces mobiles)

 

 

Les jours montaient en mayonnaise et fondaient de plaisir comme les blancs bonnets en neige, sous le soleil moyenâgeux d’Ariège ; aussi, ma cocréatrice, frappée par l’amok, sans coup férir, choisit de me plonger au cœur d’une nouvelle aventure portée par la chasse au naturel, revenant tel un poltergeist au galop flou, et le progrès technologique, avec mon totem de grand cerf pour seule échappatoire absurde…

 

Je nous revis, avec ma chère Vali, devant le rayon des dispositifs d’écoulement d’eau grise ou noire des water-closets, qui furent souvent fermés de l’intérieur, invitant ma mie à se pencher vers un mécanisme simple alors que son cœur s’entichait d’un preux système de détection de mouvement : vous passez votre souple paluche au-dessus d’un œil bleu et, par magie, l’eau s’abat, en chute du Niagara, au fond de la cuvette en ivoire de la côte d’émail du Mali à l’image de la toison des moutons paissant, au sein des Prés-salés, avec le Mont-Saint-Michel en ligne de mire — en hommage à la station balnéaire orbitale russe tombée en 1986, avant le démantèlement du mur en cubes d’apéritif de Belin, sous les coups de boudoir symbolisant un vaisseau mère, en mode 2001 l’Odyssée de l’espace d’un Stan laid lubrique aux manettes chaussant une paire de Stan Smith de la Matrice — la laine fraîche et le museau brillant !

 

Dès lors, il me plaît de vous faire un bref tour de piste des péripéties inhérentes au montage de cette chasse d’eau postmoderniste ! Il fut d’abord nécessaire d’acquérir un trépan orné de diamants, de petites dents de piranhas — ne faisant pas de Cartier — capables d’agrandir l’orifice du réservoir émaillé pour y glisser le fameux calot de sceau rond capteur de l’agitation manuelle, sans péter les plombs ! Puis, l’opération chirurgicale réalisée avec une dextérité certaine par ma cocréatrice, tout prit une dimension pour le moins défensive, car, après chaque traversée discrète de son futuriste lieu d’aisance, les canalisations de sa maison pétaradaient dans tous les sens, à l’image d’un assaut militaire en terre inconnue : une guerre des tranchées durant laquelle des missionnaires-révolutionnaires cagoulés se retrouvaient encerclés par un club de gais joueurs, de sarbacane et d’arbalète, canardés par les effluves s’élevant d’un chaudron d’usage pour la réduction des têtes de nœud buvant du thé tard.

 

Pour résumer, chaque passage aux toilettes se soldait par une crise de tremblements aigus, une espèce de Parkinson de la tuyauterie domestique, des tressautements synaptiques et autres vesses gutturales qui plongeaient l’oreille absolue de votre serviteur au milieu des trous de balles perdues pour sa patrie arche, fille cachée de son trou normand !

 

Par la force des choses qui vous échappent, j’étais dans l’obligation de quitter mon céleste trône, afin de me jeter face contre terre, dans l’espoir d’éviter les scuds qui émanaient d’un sniper déjanté, dopé à l’aumône de la croix sans WC, perché sur le frénétique luminaire s’agitant comme un artiste qui jonglait avec ses sabres laser en fusion, ô chevalier de la chanson de geste du valeureux Saint Guy ! Lux in tenebris ! Et tu danses, chantes, chantes, par une nuit de folie !!!

 

Fort heureusement, Vali ne manquait pas d’ingéniosité, de ressources intellectuelles, et, après de précis réglages du flotteur — dont le nez ronflait dans les abysses d’un réservoir dog qui rappelait l’appendice nasal du bouledogue continental, fils de l’édit son — elle réussit à toucher à cette Paix des Braves, à cette sérénité solaire au cœur de ses vécés qui ne sifflaient plus sous le rythme syncopé des canons à eau de Cambronne, mais qui fredonnaient plutôt avec l’ardeur harmonique de la chasse qui court comme la maladie d’amour…

 

Stéphane, le 6.04.2022