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Baleine Bonzaï

Baleine Bonzaï

 

(Puzzle série 4 - pièces mobiles)

 

 

 Désireux d’apporter ma pierre ponce à l’aplatissement de la climatologie globale favorisant le rabaissement des températures systémiques — comme mes congénères me soufflant le proverbe ummite : « plus il y a de cons, plus ils génèrent de la chaleur et tout dégénère ! » —, j’ai décidé de commander une baleine bonzaï sur Lama Zone !

 

L’opération validée par ma rétine de veau posée sur l’écran de mon talkie-walkie, un drone poulpe vint larguer le bébé cachalot, au milieu de mon jardin, dans un joli petit paquet-cadeau sur lequel était affiché un baby shark !

 

Tout amusé, tel un enfant de quatre ans, en conformité évolutionnaire et géostationnaire avec mon voisinage et une majorité de l’humanité, j’ai installé le cétacé au sein d’un bocal psychédélique plein de plantes plastifiées, offrant ainsi à mon ami « Willy » un nid douillet, afin d’observer sa croissance, sous tous les angles, en particulier les plus morts.

 

Au bout de quelques heures, avec la montée des degrés affichés sur mon panneau de météorologie palmaire, je découvris — frappé de plein fouet par une ivresse des profondeurs que ma baleine (sans relation avec l'haleine de Baal ou la fosse des Mariannes) s’était amincie, sur le plan volumique, à une vitesse vertigineuse, voire supraluminique !

 

 

Certes, j’avais choisi une espèce naine pour économiser l’eau à l’image du réducteur dans le pommeau de la douche ; cependant, je n’étais pas préparé à la regarder, sous un microscope : flagelle flottant à la surface d’un liquide amniotique gorgé de nanotechnologies et de graphène concourant à l’équilibre de son biotope.

 

Emporté par une vague de terreur diurne, je me mis à chercher des informations vitales sur le Net, pour apprendre que, selon certains experts, les baleines du Pacifique enflaient alors que pour d’autres, elles rétrécissaient, sous la pression du réchauffement entropique. Une diminution si marquée que la femelle avait désormais la taille du mâle, soit une baisse de 13 %, un 1 mètre et 65 cm perdus par ce cheval des mers, par cet oursin des abysses de notre transcendance galactique dont le chœur grégorien réveillait le fœtal babillement planétaire…

 

Sachant sans souci que les médias maniaient la chèvre et le chou, le chauve et le poil ; qu’ils étaient toujours prompts à donner le meilleur à chacun, je fis un lien avec le mouvement Transgenre récent qui nous démontrait que la femme alpha voyait pousser son appendice caudal, pendant que l’homme bêta assistait, benoitement, à la fonte de ses bigorneaux, à la disparition spontanée de ses bijoux antédiluviens, sous le soleil de Satan !

 

Soudain, ivre de teinture d’iode, d’embruns et de varech bretons, je plongeai mon nez dans le bocal, pour insuffler mon énergie à cet océan nomade et par tous les saints sauveurs du Nouillage, je surpris l’enflement de ma baleine comme un ballon de foot pour quitter son perchoir aquatique et rejoindre les fées et les elfes des terres du Haut, sous un battement d’ailes de mouche soldat suçant la route du mammifère d’éther…

 

Ma main de lémurien envoya une pensée télépathique à Willy qui s’éclipsa derrière un châle chimique — ô glorieux animal prêt à chasser le dérèglement climatique, sous la bannière sucrée, le drapeau pittoresque des Jeux d'eaux limbiques !

 

Peut-être que ma petite sirène se montrera dans la Seine entre la gueule de morue de Dalida Go et du brochet néon Nacron, les ouïes du loch Ness et la queue des sardines de Patrick le batracien, fou chantant « Saigneur météo » !

 

Stéphane, le 17 juin 2024

 

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